dimanche 15 février 2015

Ce qu'on fait sans plaisir de Morgan Caine

Rokh éditions, 517 pages, format numérique, disponible ici



Norman Seward, un paisible professeur d’Harvard, est retrouvé à son domicile, abattu d’une balle. Sa femme Amanda a disparu.
Le FBI et les US Marshals débarquent aussitôt à Boston. L’ex-mari d’Amanda Seward, Gregory Heller, vient de s’évader de la prison de Haute-Sécurité d’Indianapolis, où il purgeait une peine de perpétuité sans possibilité de remise de peine. En effet, il y a huit ans, Gregory Heller a sauvagement assassiné ses deux enfants, Tim et Lauren, âgés de cinq et trois ans, et a éventré son ex-femme, Amanda, qui allait se remarier, et emmener les enfants avec elle.
Est-ce lui qui est venu s’en prendre de nouveau à son ex-femme ? La chasse à l’homme commence.
Pendant ce temps, Jordan Adams est bien ennuyée. Son amie Margie Connors a disparu, et la police pense que le fugitif l'a peut-être prise en otage.
Jordan va mener l’enquête, parallèlement à Red et Watson. Celle-ci va réveiller d’anciens démons, et raviver de vieilles blessures. Nul n’en sortira indemne.



 Tout d'abord, un grand merci à Rokh éditions pour l'envoi de ce roman!



C'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé les personnages découverts dans le premier tome: Jordan, toujours aussi riche et sympathique, en couple maintenant avec Ruben ainsi que les inspecteurs Red et Watson.


C'est encore une fois une enquête aux multiples rebondissements dans laquelle nous entraine l'auteur.
Tout comme dans le premier volume, les personnages sont nombreux (mais je m'y suis maintenant habituée sans problème ^^) et tous font des coupables potentiels.
Et c'est ce qui fait la force et l'intérêt de cette série.
Tous ont le mobile et la capacité d'avoir perpétré les crimes et nous y croyons à chaque fois pour nous retrouver par la suite, le bec dans l'eau et devoir repartir à la recherche du VRAI coupable !!


C'est cette recherche qui nous tient en haleine et qui fait que nous avons un mal fou à refermer le livre même quelques instants. Je l'ai terminé en une journée et j'aurais encore pu le finir plus vite mais bon...il faut bien dormir, manger, faire semblant de faire un peu de ménage ^^

Mais ce roman n'est pas qu'un simple thriller habilement mené, il met aussi en évidence la condition des femmes battues, soumises à la violence parfois sans limite des hommes si tant est que l'on peut appeler hommes ces êtres qui se servent de leurs poings et de leur force brute pour terroriser et soumettre ces pauvres femmes. Et cette phrase choc qui fait froid dans le dos : 
En France, tous les deux jours et demi, une femme meurt sous les coups de son compagnon. Le temps que vous lisiez ce livre, une ou plusieurs femmes en seront donc victimes.
Et ce qui m'a fait également grincer les dents, c'est ce terme de masculinisme (en opposition au féminisme) qui permet aux hommes toute liberté pour battre les femmes (je vous mettrai d'ailleurs plus loin l'extrait du roman où l'on en parle et tout comme moi, vous allez être écoeurée de la bêtise humaine car certaines femmes (dont une dans le roman que je ne vous citerai pas) approuvent cette façon de penser.

En conclusion, tout comme le premier, ce livre a été pour moi un coup de coeur ! 
Une intrigue bien menée, un suspense haletant, des femmes et des hommes qui se battent pour une juste cause et les personnages récurrents que l'on ne peut s'empêcher d'apprécier.
Et quelle surprise de découvrir que l'un des personnages porter le même prénom que moi ^^ même si c'est une religieuse Lol !!

http://www.rokheditions.com/



Le masculinisme s’est créé dans les années quatre-vingts en opposition au mouvement féministe, expliqua Owen Patterson. C’est un contre-mouvement radical et réactionnaire, qui prétend rétablir un équilibre homme-femme que, d’après eux, les partisans des droits des femmes ont rompu. 
À les écouter, les femmes ont pris beaucoup trop de pouvoir dans la société moderne, et il faudrait rétablir un ordre patriarcal, un corporatisme masculin pour contrer la domination féminine de la société. 
— La domination féminine de la société ? C’est une plaisanterie », s’exclama Watson, interloqué. 
Il n’avait jamais entendu parler d’un tel mouvement. À la tête qu’ils faisaient, Red non plus, et Moss vaguement. 
« Hélas non, fit Owen Patterson. C’est même un courant de pensée qui prend de l’ampleur. Après les adeptes de la suprématie blanche, voici venus les adeptes de la suprématie masculine. Pour eux, le père l’emporte sur la mère, l’homme sur la femme, avec moult arguments d’un révisionnisme biologique fumeux à l’appui. D’après eux, quand un homme cogne, il ne fait que libérer sa nature guerrière, qui est naturelle. Son agressivité est provoquée par la perfidie des femmes qui n’ont bien sûr qu’un objectif, lui faire péter un plomb. En résumé, si un homme tabasse sa femme, c’est toujours elle qui l’a cherché. Si un homme touche son enfant, ce n’est que pure manipulation perverse réalisée par les mères pour faire chanter les pères. Pour en revenir à l’ordonnance restrictive que mon père obtint contre Marjorie, c’est le petit jeu que les masculinistes ont trouvé pour tenir leurs femmes bien serré. Ils vont chez le juges, se plaignent que leur femme est agressive, qu’ils se sentent en danger, qu’ils craignent pour leur « intégrité physique ». Le juge leur dispense alors une ordonnance restrictive interdisant à l’épouse toute agression. Après, ils sont les maîtres chez eux… 
— Comment ça ? s’étonna Moss.
— Et bien il suffit qu’ils se fassent un bleu pour que la femme se retrouve illico en prison. C’est un moyen de pression rêvé. Je veux que ma viande soit saignante, sinon, tu vas en taule. Je veux que tu fasses le ménage trois fois par jour, sinon tu vas en taule. Et je ne vous parle pas des exigences sexuelles. Tu fais tout ce que je veux, sinon, la taule ! Dans les États qui pratiquent des peines-planchers, on a vu des femmes écoper de vingt ans d’emprisonnement pour s’être simplement défendues, sans même que le mari n’ait été réellement blessé. Voilà ce qui attendait Marjorie. La soumission totale, ou la prison...




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