samedi 7 avril 2018

Toutes blessent, la dernière tue de Karine Giebel

Belfond éditions, 29 mars 2018, 744 pages, disponible au format papier et numérique






Maman disait de moi que j'étais un ange.
Un ange tombé du ciel.
Mais les anges qui tombent ne se relèvent jamais... Je connais l'enfer dans ses moindres recoins.
Je pourrais le dessiner les yeux fermés.
Je pourrais en parler pendant des heures.
Si seulement j'avais quelqu'un à qui parler...


Tama est une esclave. Elle n'a quasiment connu que la servitude. Prisonnière de bourreaux qui ignorent la pitié, elle sait pourtant rêver, aimer, espérer. Une rencontre va peut-être changer son destin...

Frapper, toujours plus fort.
Les détruire, les uns après les autres.
Les tuer tous, jusqu'au dernier.


Gabriel est un homme qui vit à l'écart du monde, avec pour seule compagnie ses démons et ses profondes meurtrissures.
Un homme dangereux.
Un matin, il découvre une inconnue qui a trouvé refuge chez lui. Une jeune femme blessée et amnésique.
Qui est-elle ? D'où vient-elle ?

Rappelle-toi qui tu es. Rappelle-toi, vite !
Parce que bientôt, tu seras morte.


 
Au cours de ma lecture, j'ai été percutée de plein fouet par tellement de sentiments, de sensations, de ressentis que j'ai été obligée de coucher sur papier toutes ces émotions au fur et à mesure et une fois terminé, il était pour moi émotionnellement impossible de rédiger ma chronique immédiatement et même maintenant, je vais avoir des difficultés d'exprimer correctement, avec les mots qu'il faut ce que j'ai vécu.

Tama a 8 ans quand elle quitte le Maroc, envoyée par son père en France, pour y recevoir une éducation qu'elle n'aurait pu recevoir dans son pays.
C'est Mejda qui la prend en charge et la ramène en France.

Mais d'éducation, il n'en sera point question !

A peine arrivée, Mejda conduit la petite fille dans une famille française, les Charandon, pour y être employée en tant ... qu'esclave !

Même pas bonne à tout faire , non, non, esclave !

Malgré son jeune âge, Tama va vite comprendre que cette "famille" a le droit de vie et de mort sur elle.
Commence alors un long cortège de sévices corporels et psychologiques, d'avilissement, d'angoisses et de peur perpétuelle.
Ce qui la sauve de la folie et de l'abattement, de cette vie de misère, enfermée dans sa petite buanderie quand ses maitres ne sont pas là, sur son mince matelas, c'est la lecture ! 
Lire ... une chose qu'elle a apprise seule et qui lui permet de s'évader.

Après 5 ans d'esclavage chez les Charandon, elle est "récupérée" par Mejda et alors que Tama croyait avoir connu le pire, elle s'aperçoit très vite que la cruauté humaine est illimitée et va souffrir encore plus dans sa chair et son esprit !

Jusqu'au moment où la roue tourne, en bien ou en mal, la jeune fille de presque 14 ans ne va pas tarder à le découvrir.
Mais elle n'est pas seule, elle a une compagne de tous les jours, de chaque instant : la PEUR !

 Dans le récit, nous voyageons dans le passé avec les souvenirs de cette petite fille et dans le présent avec Gabriel.
Gabriel est un homme froid, dur, indifférent à tout et qui a pour unique compagnons un chien et deux chevaux.
Un jour, une jeune femme fait irruption chez lui, blessée, elle tombe très rapidement inconsciente et il finit, bien malgré lui, à s'occuper d'elle.
Amnésique, elle ne se souvient plus de qui elle est ni d'où elle vient mais ce qu'il peut voir est qu'elle porte sur son corps des traces anciennes et plus récentes de coups, de brûlures et de nombreuses cicatrices.
Une étrange relation va s'établir entre ces deux êtres tourmentés qui, à part une immense souffrance, n'ont rien en commun.  

J'ai été écoeurée, abasourdie, dégoûtée, horrifiée, impuissante face au calvaire enduré par Tama pendant 8 ans. 
J'ai eu plus d'une fois l'envie de refermer le roman pour échapper à cette douleur, à cette horreur !

Alors que c'est une période où l'on est encore naïf, innocent, où l'on a plein de rêves, de projets, où l'on a encore tout à découvrir, tout à vivre, tout à espérer, tant de choses que Tama n'aura jamais connue et pourtant ... 
C'est une battante, elle est forte et courageuse face à l'adversité, à ce sort qu'elle pense mériter tant le lui ont répété ses bourreaux et elle gardera toujours cet espoir d'un avenir meilleur.

J'ai pleuré en lisant ces pages, des larmes de rage face aux humiliations, aux coups, aux sévices subis par la petite fille - car il ne faut pas oublier qu'elle n'avait que 8 ans quand tout a commencé -
des larmes de chagrin en découvrant la souffrance, la solitude, l'incompréhension de cette enfant face à son calvaire, j'ai ressenti une haine immense pour ces femmes abjectes, ces hommes qui n'ont d'hommes que le nom, de véritables tortionnaires sadiques.
Comment peut-on éprouver autant de plaisir à asservir, humilier, torturer, exploiter, mépriser un être aussi fragile et précieux que l'est un enfant ?

J'ai eu beau chercher, je n'ai pas trouvé de réponse !

J'aurais encore tant et tant de chose à vous dire sur ce livre mais je vais m'arrêter là .


En bref, cette lecture a été non seulement un vrai coup de coeur malgré la dureté et l'horreur du récit mais elle a été aussi un véritable coup de poing que vous prenez en pleine face!
Une lecture dont on ne ressort pas indemne et qui va, je crois, me poursuivre encore longtemps !




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