dimanche 15 juillet 2018

Maudite ! de Denis Zott

Hugo Thriller, 7 juin 2018 - Grand Format 352 pages
Disponible en format audio




Pour survivre, elle doit faire face à ses pires cauchemars. 
" Marseille à feu et à sang dans un polar incandescent. " Hubert Artus
Marseille. En face du stade Vélodrome, le dixième étage des Mimosas est en flammes. C'est l'appartement de Tony Beretta, petit dealer mais légende parmi les supporters ultras de l'Ohème. 
Une jeune femme, blessée, parvient à s'échapper du brasier. Luce, seize ans, une gueule d'ange, enceinte jusqu'aux yeux, n'est pas partie les mains vides : elle s'est enfuie avec l'argent et la drogue de Tony. 
Et l'argent et la drogue, ça attire du monde. Canari, le flic pourri de la BAC. Les hommes de main de Tony. Ceux du Libyen, jeune caïd qui a pour ambition de renverser les anciens, tel le vieux Topin. Et même Yasmina, l'infirmière trop belle pour être innocente, qui veille sur Luce et ses jumeaux. Impossible, pour Luce, d'espérer se sortir seule de ce piège qu'est devenue sa ville. 
Mais à qui faire confiance, et comment survivre et protéger ses bébés, quand sa propre mère dit d'elle qu'elle est maudite, et que son ange protecteur pourrait bien s'avérer être un démon ? 
Pour trouver la lumière, Luce n'aura d'autre choix que de faire face à ses pires cauchemars.





L'écriture de cette chronique n'a pas été évidente, car plusieurs jours après avoir refermé ce livre, je ne sais pas encore si j'ai aimé ou non ce roman.

Ma lecture n'a tout d'abord pas très bien débutée. Si au départ j'ai littéralement été captivée par le style incisif, concis et rythmé de l'auteur, un gros point m'a posé problème : la temporalité et les déformations volontaires de l'écrivain.
En effet, Denis Zott a écrit un roman contemporain tout en changeant des éléments qui pour moi ne peuvent pas être changés dans un roman contemporain. Le roman s'ouvre sur le Vendredi 11 mai 2011, match Ohème/PSG, 37 ème journée de ligue 1.
Je n'ai jamais vu l'écriture de Ohème pour parler de l'OM donc, soit je suis inculte soit l'auteur a délibérément fait le choix de renommer le club comme ça pour son roman. J'en ai déduit que c'était pour se protéger et je me suis dit bon pourquoi pas. Ce qui m'a cependant posé problème c'est que la journée du vendredi 11 mai 2011 n'a jamais existé. C'était un mercredi. Ensuite la journée de ligue 1 était la 35 ème et non pas la 37 ème. Le vrai match était OM / Brest et pas OM/PSG. Les joueurs comme Valbuena et Gignac deviennent Balbuena et Signac.
Si je peux concéder dans ma lecture qu'on modifie un peu la réalité (nom du club, des joueurs,) l'espace/temps dans un contemporain que ce soit une romance ou un thriller est pour moi important. Ça fait parti du cadre « historique » et ça m’a posé problème. Ceci accumulé au changement des noms en les laissant très proches de ce qu'ils sont à l'origine m'a vraiment perturbée. J'avais l'impression que l'auteur se trompait même si je savais que c'était fait de façon intentionnelle.

Ensuite, j'ai vraiment décidé d'occulter le début pour me concentrer sur l'intrigue.
Je dois dire que l'alternance des points de vue, les chapitres très courts et bourrés d'action m'ont tenue en haleine. J'aimais beaucoup me retrouver dans la tête des différents personnages pour voir évoluer les manigances de chacun.  Nous avons un point de vue interne sur Marseille et ses dérives. Hooligans, trafic de drogue, prostitution, gang, flics ripoux, violence, meurtres, tout ce petit monde nous est dépeint sans nous épargner. Pour ma part, je suis partagée entre le fait que j'ai trouvé les thèmes abordés et la façon dont ils l'étaient très intéressant, et la lassitude (notamment en arrivant à la fin) de me retrouver face à des situations de plus en plus malsaines. Je n’ai pas été choquée, loin de là, mais j'avais l'impression que c'était de la surenchère et mon rythme de lecture s'est haché car mon intérêt se perdait peu à peu.

La fin m'a aussi laissée sur ma faim, ce qui m'arrive très peu souvent car les fins ouvertes ou mystérieuses ne me rebutent pas. Là, je n'ai pas été rebutée, mais j'ai trouvé la chute abrupte et elle m’a laissée de marbre.

Concernant les personnages :

J'ai adoré détestr ce connard fanatique de Tony Beretta, obnubilé par son club et prêt à vendre sa mère pour un appartement avec vue sur le Vélodrome. J'ai également adoré détester Canari, le flic ripoux, et ses magouilles en tout genre pour arriver à ses fins. Les deux voyous, en dépit de leur violence, m'arrachaient des sourires tant ils étaient pathétiques. J'ai beaucoup aimé les suivre.
J'ai apprécié le personnage de Yasmina qui fait preuve d'une belle rédemption et que j'ai trouvé très attachant.
Costa, qui apparaît très peu mais dont en entend beaucoup parler, comme Luce, m'a fascinée.
Mais justement parlons de Luce, cette gamine de 16 ans enceinte de jumeaux qui vit chez Tony. Elle se retrouve à l'hôpital après avoir été rouée de coups par ce dernier qui rate le penalty d'un des joueurs car sa télévision se coupe. Il est persuadé qu'elle l'a fait disjoncter en allumant la lumière de WC et la tabasse puis quitte l’appartement. Elle lutte tant bien que mal pour s’en sortir car elle perd beaucoup de sang. Après de multiples rebondissements, elle finit à l'hôpital où elle accouche prématurément. Malgré son état, elle n’y est pas allée les mains vides : elle a pris un sac qui contient des choses très précieuses pour Tony... Et pour bien d'autres personnes. C'est ainsi qu’elle devient l'objet de convoitise d'un bon nombre de personnages malsains.

Si par moments et notamment au début du roman, la situation de Luce m'a touchée, le personnage a fini par me taper sur le système. L’adolescente bascule toujours entre deux extrêmes, elle est borderline, parfois carrément folle. Même si je peux le comprendre étant donné tout ce qu'elle a vécu, certaines scènes avec les jumeaux ont fait que je l'ai prise en grippe.
À l'instar du roman, Luce est dans la surenchère. Elle a 16 ans, c'est une gamine mais tout le monde la désire, tout le monde la veut, elle a même fait tourner la tête d'un des plus gros truands etc. En bref, elle m'a très souvent énervée. De plus, c'est typiquement le personnage qui prend presque toujours les mauvaises décisions.

Pour conclure, ce roman me laisse mitigée. Si j'ai aimé l'univers, le suspens et découvrir les dessous de Marseille, le choix qu'a fait l'auteur de fausser le contexte de l'histoire, la surenchère dans la violence et le caractère de Luce ont fait que je n'ai pas réussi à adhérer complètement à Maudite !






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